28 mars 2016

"Je suis en vie et tu ne m'entends pas" - Daniel Arsand


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Chez : Acte Sud (2016)
Genre : Roman, drame
Selon nous : Littérature adulte.


Résumé : "Quand l’Allemand Klaus Hirschkuh débarque à la gare de Leipzig, ce jour de novembre 1945, c’est une ville détruite qu’il redécouvre pas à pas. Le jeune homme qui marche dans ces décombres est lui-même en morceaux. Il vient de passer quatre ans à Buchenwald. Parce qu’il est homosexuel. À bout de forces, il est une ombre, un fantôme. Scandaleusement vivant pourtant. Et il n’a pas fini d’expier.

Un garçon ordinaire, une différence ordinaire, une simple vie, un trajet : Klaus s’exile en France et y traverse une moitié de siècle – le travail, l’amitié, l’amour, l’espoir et les déceptions, les chagrins et la joie – pour s’entendre chasser, à l’aube des années 1990, d’une cérémonie du souvenir dans la province française aux cris de “les pédés aux fours !”.


Survivre : un miracle et une responsabilité dont la réalisation n’a pas à être spectaculaire mais qui relève d’un combat intime, tenace, insurmontable parfois, solitaire souvent, et toujours sans répit.


Le roman de Daniel Arsand invente la langue digne de ce combat à poursuivre, mélange rigoureux et explosif de sécheresse, de rage et de lumière. Je suis en vie et tu ne m’entends pas est un texte crucial, qu’on voudrait confier personnellement à chacun de ses lecteurs, comme un viatique, un talisman, à la fois miracle et responsabilité."



MON AVIS 

Anaëlle★★★★★
J'écris cet article à peine ma lecture terminée, car il faut que j'en parle. Il faut que j'en parle, et pourtant j'ai du mal à expliquer ce roman. 

J'ai trouvé ce livre en me perdant au milieu des rayons de la littérature française de ma librairie. D'habitude, ma préférence va à la littérature jeunesse, mais j'ai décidé, avec ce roman, de sortir de ma zone de confort. Ici, c'est le titre qui m'a accroché. Je n'avais jamais entendu parlé de ce livre avant de tomber dessus. Ce qui m'a convaincu de le lire, ce sont les dernières phrases du roman, que j'ai trouvé tellement belles, et importantes. Je ne les rapporte pas ici, parce que lire les dernières phrases d'un livre avant de l'acheter est une manie qui ne concerne que moi, et je sais que la plupart des gens préfèrent garder le mystère quant aux derniers moments de l'histoire !

Je ne peux pas dire autre chose que : j'ai adoré ce livre. Je l'ai adoré, et pourtant, il m'a fait passé par tout un tas d'émotions, intenses, et très désagréables. J'ai été en colère, j'ai été dévastée, écœurée, révoltée. Au début de ma lecture, j'ai été un peu désarçonnée par le style de l'auteur. Il alterne des phrases très très longues, avec des phrases très très courtes. Il alterne des passages véritablement poétiques, avec des passages grossiers, qui vous jettent au visage des réalités écœurantes. Mais finalement, je me suis faite à ce style d'écriture, et j'ai trouvé qu'en plus, il représentait plutôt bien l'état d'esprit du personnage principal : oscillant entre les horreurs qui le hantent, et l'espoir d'une potentielle renaissance.  

Il faut dire que le roman débute au retour de Klaus, dans sa ville natale, après quatre ans passés dans un camps de concentration, déporté pour homosexualité. Forcément, la réalité des camps, de la déportation, est atroce. Mais ce roman nous présente les choses avec une telle force... La première partie de l'histoire est très sombre, Klaus est faible, malade, dans une espèce de léthargie, il redécouvre simplement le fait qu'il a le droit d'exister, le droit d'être quelqu'un, le droit d'avoir des exigences, le droit d'être égoïste, d'être colérique. On découvre son village, sa famille qui ne semble l'aimer que sous certaines conditions, on découvre une Allemagne, qui même après la fin de la guerre, continue de rejeter les gens pour leur sexualité. 

Quand Klaus s'exile en France, il se reconstruit, loin de ses parents, loin des camps. Le roman prend des allures de conquête. Il ne s'agit plus de simplement survivre, mais de vivre. Vivre avec ses souvenirs. D'aimer. De cesser d'être une ombre. Nous allons suivre ce personnage tout au long de sa vie, l'accompagner dans ses rencontres, ses espoirs, ses désillusions, dans sa lutte pour le bonheur. 

Ce livre nous raconte un véritable combat, un combat contre les fantômes du passé, un combat contre l'intolérance, un combat pour la reconstruction, pour la vie. J'ai trouvé absolument dingue la force, la détermination, avec laquelle Klaus mènera sa barque, après l'enfer des camps. J'ai pleuré à la fin, parce que même si les camps n'existent plus, les insultes, les coups, les discriminations, la haine, et la violence subsistent encore, et que finalement, ce combat est la responsabilité de tous. 

C'est un roman qui donne envie de crier. 


2 commentaires: